Beauport, Québec
Le site est situé le long de la rive nord du fleuve Saint-Laurent, tout juste à l'est de la ville de Québec. Il comprend la partie du chenal de l'île d'Orléans, qui s'étire à l'ouest de la localité de L'Ange-Gardien jusqu'aux battures de Beauport. À certains endroits, les vasières peuvent atteindre jusqu'à 800 m de largeur, et la partie la plus élevée est occupée par de larges marais à scirpes. Le site est bordé par une autoroute, une voie ferrée et une zone urbaine importante. Le pont de l'Île d'Orléans est également compris dans la ZICO. Les eaux de ce secteur sont très agitées et présentent de forts courants.
Au printemps et à l'automne, un grand nombre de sauvagine et de limicoles, qui sont attirés par les vasières, fréquentent le site. Durant la migration printanière, jusqu'à 105 876 individus (sauvagine) y ont ainsi déjà été rapportés, la Grande Oie des neiges formant la majeure partie de l'ensemble avec jusqu'à 100 000 oiseaux à avoir été recensés durant cette période, ce qui représente 2 % de la population nord-américaine pour cette espèce. Au cours de l'automne de 1987, 4000 Canards noirs y ont aussi déjà été dénombrés, ce qui correspond à plus de 1 % de la population mondiale pour cette espèce. Avant la construction de l'autoroute, qui s'est effectuée dans les années 70, le nombre de Canards noirs y était encore plus élevé avec de 5000 à 8000 individus à y avoir été régulièrement observés. Plusieurs autres espèces de sauvagine sont également présentes à ce site par centaines et parfois même par milliers durant cette période, comme c'est le cas pour le Fuligule milouinan et le Petit Fuligule, le Grand Harle et le Harle huppé, les Sarcelles d'hiver et à ailes bleues et le Canard pilet. Pendant la saison de chasse, les canards ont tendance à se rassembler au centre du chenal et dans la Zone d'interdiction de chasse.
Le site, et plus particulièrement les battures de Beauport, accueille plusieurs espèces de limicoles. Jusqu'à présent, 34 espèces y ont été recensées. Le Bécasseau semipalmé est l'espèce qui s'y retrouve en plus grand nombre avec des groupes de 5000 à 10 000 individus à avoir été observés au cours de l'automne (maximum de 40 000 individus dénombrés en 1973), ce nombre a toutefois baissé au cours des dernières années et ne représentait plus qu'un maximum de 2000 individus depuis 1990. Parmi les autres espèces qui fréquentent le site et qui comptent quelques centaines d'individus, on retrouve les Bécasseaux minuscule et variable, les Petit et Grand Chevaliers, le Bécassin roux et le Pluvier kildir.
Le site abrite également des Goélands à bec cerclé et argenté, lesquels se rassemblent en groupe d'environ 1000 à 2000 individus. Le Goéland marin et la Mouette de Bonaparte sont aussi présents à ce site à différentes périodes de l'année, mais en des proportions moindres. La Sterne pierregarin a aussi déjà niché à cet endroit en petit nombre (de 1972 à 1978).
Enfin, il arrive parfois que des Grèbes esclavons et des Garrots d'Islande, deux espèces considérées rares au Québec, soient aperçus à ce site. Le maximum d'oiseaux rapportés pour chacune de ces espèces est de 81 et de 41 individus, respectivement.
L'industrialisation et l'urbanisation importantes de ce secteur font en sorte que plusieurs substances toxiques, parmi lesquelles figurent les métaux lourds, sont présentes à cet endroit. Environnement Canada effectue présentement (début 2014) un projet de restauration des sédiments dans la zone portuaire de la ville de Québec. Étant donné le nombre important de navires qui utilisent la voie maritime du Saint-Laurent, les déversements d'hydrocarbures sont une menace importante pour les sites limitrophes. De plus, le développement rapide de certaines activités récréatives dans le secteur, tels les sports aérotractés, est préoccupant : l'augmentation d'utilisateurs sur le site et le manque de gestion des activités est susceptible de détériorer les habitats et de perturber la faune aviaire. Pendant plusieurs années, les Grands feux de Loto-Québec ont eu lieu à la base des chutes Montmorency. Le déplacement de cette activité vers le Vieux-Port de Québec, en 2012, a représenté un élément positif pour la ZICO puisqu'il a permis de réduire les sources de stress liées au bruit et de diminuer l'apport de métaux (provenant des éléments pyrotechniques) dans les habitats. Les battures du site sont désignées habitat faunique (aire de concentration d'oiseaux aquatiques), tandis que la partie aquatique est désignée habitat faunique (habitat du poisson), un statut qui interdit la tenue de toute activité pouvant modifier l'habitat à cet endroit. Le site comprend également une zone d'interdiction de chasse (ZIC).
Les habitats du site sont conditionnés par la présence de fortes marées et le début de la salinité de l'eau du fleuve. On y retrouve principalement des vasières dénudées, des marais à scirpe et des zones marécageuses. Au printemps, plusieurs espèces de poissons, tels la perchaude, le grand brochet et l'épinoche à trois épines, utilisent les zones herbacées en eaux peu profondes pour frayer. D'autres espèces, comme l'alose savoureuse et le poulamon atlantique viennent passer leur premier été dans les eaux saumâtres du secteur.
Deux espèces en péril au Canada fréquentent les eaux du secteur, soit l'esturgeon jaune et l'anguille d'Amérique. La détérioration et la perte de leur habitat, que ce soit par le déboisement, l'érosion des berges ou les dépôts de sédiments, ou encore par la détérioration de la qualité de l'eau sont à l'origine des principales pressions subies par ces espèces. Les sources polluantes dans le secteur proviennent de l'industrie agricole, des rejets industriels ainsi que du réseau sanitaire et pluvial urbain. Les barrages hydroélectriques sont une cause importante de mortalité de l'anguille d'Amérique lorsqu'elle migre vers la mer (dévalaison), alors qu'ils font obstacle à la migration des anguillettes vers l'amont à certains endroits.
La perte d'habitats représente une menace pour plusieurs espèces aquatiques fréquentant le site, que ce soit par la destruction directe ou par les obstacles à la migration. Le développement résidentiel et commercial, le remblayage des rives, les barrages, les activités portuaires ainsi que la navigation de plaisance et commerciale (érosion des berges par le batillage) en sont quelques exemples. Finalement, la présence d'espèces envahissantes met en danger la dynamique naturelle des écosystèmes et de ses occupants.
Principales espèces présentes :
Alose savoureuse
Anguille d'Amérique
Doré jaune
Doré noir
Esturgeon jaune
Esturgeon noir
Grand Brochet
Meunier noir
Perchaude
Poulamon atlantique
Les habitats de ce secteur sont fortement conditionnés par les courants marins et les marées de grande amplitude (4-5 m). Bien adapté à l'action des vagues et la glace, le scirpe d'Amérique domine les marais côtiers de la région. Grâce à son étonnant réseau racinaire, cette plante retient le sol, contribuant ainsi à protéger les rives contre l'érosion côtière. De plus, ses parties souterraines constituent une source alimentaire recherchée par l'oie des neiges lors des migrations. Outre les marais à scirpe, le secteur abrite également des marais à quenouille, des prairies humides à spartine pectinée, ainsi que des marécages où dominent le saule et l'aulne.
Les modifications du régime hydrographique, ainsi que les travaux de remblayage et d'assèchement des terres agricoles ont provoqué la disparition de grandes superficies de milieux humides dans la région. De plus, l'artificialisation des rives (pour l'urbanisation et le transport) constituent toujours une menace importante pour les écosystèmes riverains. Il est à noter que la région abrite la cicutaire de Victorin, une espèce endémique, désignée menacée au Québec.
Principales espèces présentes :
Quenouille à feuilles larges
Scirpe d'Amérique
Spartine pectinée