Île aux Grues (QC103)

Sainte-Antoine-de-l'Isle-aux-Grues, Québec

Latitude 47,110°N
Longitude 70,502°O
Altitude 0 - 30m
Superficie 92,21km²

Description du site

Les îles aux Grues et aux Oies font partie de l'archipel de Montmagny et sont situées à 5,6 km de la rive sud de l'estuaire du Saint-Laurent et à environ 60 km en aval de la ville de Québec. Il s'agit de deux îles de bonnes dimensions qui sont reliées par un important marais intertidal, lequel ne se recouvre d'eau que lors des très hautes marées. La végétation du haut-marais est dominée par des graminées, des joncacées et des cypéracées, parmi lesquelles on retrouve la Spartine pectinée (Spartina pectina). Le Scirpe d'Amérique (Spirpus americanus) occupe quant à lui les eaux plus profondes. Il est à noter que le site est également entouré de vasières. (eux disent estrans, de chaque versant du haut-marais s'étendent de vastes estrans vaseux) En fait aussi, le scirpe pousse dans les estrans.

Habitée depuis 1679, l'île aux Grues compte aujourd'hui environ 250 personnes (Isle-aux-Grues), et l'agriculture compose l'essentiel de son paysage. Contrairement à sa voisine, l'île aux Oies est presque exclusivement boisée (épinette blanche et pin blanc) et n'abrite qu'un très petit nombre de résidents. Une route traverse et relie les deux îles et un traversier dessert l'île aux Grues à partir de Montmagny durant la belle saison. La température moyenne annuelle sur les îles est de 4,4º C et le niveau moyen des marées se situe à environ 2,5 m.

Oiseaux

Les îles aux Grues et aux Oies constituent d'importantes haltes migratoires pour la Grande Oie des neiges et d'autres espèces de sauvagine. Durant l'automne, il est ainsi possible d'observer plus de 100 000 Grandes Oies des neiges sur les deux îles chaque jour, ce qui représente près de 12,6 % de la population estimée de cette espèce. Il a aussi été constaté que ce nombre augmentait lorsque les oies avaient expérimenté des conditions météorologiques difficiles sur leur territoire de nidification; au cours de ces années, affamées, elles semblaient particulièrement apprécier les champs d'avoine situés sur l'île aux Oies. Il est à noter que les oies fréquentent également les deux îles lors de leur migration printanière.

En plus de la Grande Oie des neiges, le site accueille un bon nombre de Canards noirs au cours de l'automne. Jusqu'à présent, le plus grand total qui a été enregistré a été de 8000 individus, ce qui représente 4 % de la population de l'Atlantique et plus de 2 % de la population de l'Amérique du Nord. Parmi les autres espèces de sauvagine communes, on retrouve les Canards colvert et pilet ainsi que la Sarcelle d'hiver.

Durant l'automne, les îles servent également de haltes migratoire aux limicoles, parmi lesquels figurent les Bécasseaux semipalmé (jusqu'à 10 000 individus observés à la fois entre 1968 et 1986), minuscule (2500 individus en 1963; il s'agit du plus grand groupe recensé) et variable (1500 individus en 1997; il s'agit du plus grand groupe recensé).

Du côté des oiseaux nicheurs, des données provenant de recherches effectuées au cours des dernières années, et visant à déterminer l'aire de répartition du Râle jaune dans le sud du Québec, ont permis de démontrer que l'île aux Grues abritait la plus grande concentration de cette espèce à l'intérieur du réseau fluvial du Saint-Laurent (le Râle jaune est une espèce vulnérable au niveau national). Au cours de l'été de 1994, on y a dénombré jusqu'à 20 mâles chanteurs, et il a été noté que les plus hauts résultats étaient obtenus au mois d'août. On a aussi observé que le râle occupait un secteur d'environ 530 hectares du haut-marais et que le niveau de l'eau où il avait élu domicile variait de 5 à 13 cm. On a également découvert que, la plupart du temps, le râle construisait son nid à l'intérieur d'un amas de tiges séchées laissées par les précédentes années de croissance. (Le râle niche là ou l'on retrouve un tapis de végétation formé par les tiges désséchées des saisons de croissance précédentes.)

Parmi les autres oiseaux nicheurs, on retrouve le Hibou des marais, une autre espèce vulnérable au Canada (jusqu'à 7 individus ont été recensés au printemps et à l'automne... ça c'est pas ceux qui nichent!, mais ceux qui migrent!!), le Busard Saint-Martin ainsi que les Bruants des prés, de Le Conte, des marais et à queue aiguë (de Nelson?). Le site fournit également une aire de repos à des ardéidés tels que le Grand Héron et le Bihoreau gris. ...

Enjeux de conservation

L'agriculture constitue une menace pour le râle jaune sur les îles aux Grues et aux Oies puisque les roseaux où il niche sont fauchés (pour nourrir le bétail) et brûlés annuellement. Toutefois, le fauchage et le brûlage ont également de bons côtés puisqu'ils évitent que cet habitat ne soit envahi par des végétaux qui s'avéreraient moins propices à la nidification du râle jaune et du hibou des marais. l'érosion du marais par les glaces, les vagues et les bateaux est également un facteur à considérer, car, chaque année, ce sont plusieurs mètres cubes de matières qui disparaissent ainsi dans le fleuve. Enfin, le nombre croissant de grandes oies des neiges pourrait également jouer un rôle négatif par les dommages causés à la végétation. Les deux îles sont aussi particulièrement vulnérables aux risques de déversements d'hydrocarbures, non seulement en raison du nombre important de navires qui utilisent la voie maritime du Saint-Laurent et passent à proximité (il ne faut pas oublier que les îles ont déjà été touchées par un déversement lors du naufrage du Xantoria, survenu à la fin des années 1980), mais aussi en raison de la présence d'une raffinerie de pétrole, située à quelques kilomètres en amont. Enfin, il semble qu'une autre source de pollution guette le site : en effet, d'importantes concentrations de cuivre et de chrome ont été découvertes dans les sédiments qui reposent au pied du quai de l'île aux Grues. Certaines parties des îles aux Grues et aux Oies ont été désignées habitat faunique ? aire de concentration d'oiseaux aquatiques, ce qui signifie que toutes les activités susceptibles de modifier les habitats de ces secteurs, de quelque façon que ce soit, sont interdites. Cependant, les activités touristiques et le nombre de visiteurs sont de plus en plus nombreux dans la ZICO. Le tourisme et la chasse constituent une source de dérangement pour les oiseaux de rivage qui font halte sur l'île durant leur migration. En 2013, en collaboration avec la fondation l'Impériale, la Corporation de développement touristique de l'île aux Grues et la municipalité de Saint-Antoine-de-l'Isle-aux-Grues, Conservation de la nature Canada a organisé des activités d'observation et d'inventaire d'oiseaux, ainsi qu'une conférence sur la biodiversité du site.

Habitat du poisson

Le marais à scirpe est l'habitat typique en bordure du littoral dans la région. Le fleuve présente un faible taux de salinité et la présence de marées remodèle constamment le paysage riverain. Plusieurs espèces, tels l'éperlan arc-en-ciel (population du sud de l'estuaire du Saint-Laurent) et le poulamon atlantique, fréquentent les zones en eaux peu profondes. De nombreuses espèces migratrices (anadromes et catadromes) sillonnent également les eaux du fleuve à cette hauteur. En plus des deux espèces mentionnées précédemment, on retrouve l'alose savoureuse, l'esturgeon noir et l'anguille d'Amérique, trois espèces prisées pour leur chair.

Des pressions de plusieurs origines menacent cependant la qualité et la disponibilité des habitats aquatiques. L'expansion des terres agricoles, le développement résidentiel, la villégiature et l'artificialisation des rives représentent des pertes d'habitats importantes. La présence d'obstacles difficiles à franchir limite les déplacements des poissons qui ne peuvent atteindre leur site de reproduction. Finalement, l'entretien de la voie maritime pour la navigation commerciale (dragage et rejet de sédiments dragués) réduit la qualité de l'eau et provoque la destruction de frayères. La diminution de la population de l'esturgeon noir dans le Saint-Laurent serait notamment attribuable à cette problématique. En raison de l'altération d'habitat, d'une forte exploitation de la pêche commerciale et sportive et du non-respect de la réglementation, la population de bar rayé de l'estuaire du Saint-Laurent a disparu vers 1968. En 2002, un important programme de réintroduction de cette espèce a été mis sur pied par le gouvernement provincial afin de permettre son rétablissement. Entre 2002 et 2009, plus de 6 300 bars rayés et 6,5 millions de larves ont été introduits dans l'estuaire du Saint-Laurent. Un réseau de suivi des bars rayés dans le fleuve a été créé en 2004 afin de suivre l'évolution de cette population.

Principales espèces présentes :
Alose savoureuse
Anguille d'Amérique
Bar rayé
Doré noir
Éperlan arc-en-ciel (population du sud de l'estuaire du Saint-Laurent)
Esturgeon jaune
Esturgeon noir
Gaspareau
Poulamon atlantique

Flore

Les habitats côtiers de ce secteur sont soumis à des eaux légèrement salées et généralement troubles. On y trouve principalement des marais saumâtres, où dominent le scirpe d'Amérique, la sagittaire dressée et la sagittaire à larges feuilles. Grâce à son étonnant réseau racinaire, cette plante retient le sol, contribuant ainsi à protéger les rives contre l'érosion côtière. De plus, ses parties souterraines constituent une source alimentaire recherchée par l'oie des neiges lors des migrations.

La destruction et la perte d'habitat (par le remblayage des rives, l'assèchement des marais, l'urbanisation) sont les principales menaces qui affectent les écosystèmes du secteur. La pollution des eaux et les risques de déversements d'hydrocarbures demeurent des enjeux préoccupants. La propagation d'espèces envahissantes est à surveiller. Il est à noter que la région abrite 18 espèces floristiques endémiques, dont 3 espèces menacées au Québec.

Principales espèces présentes :
Sagittaire à larges feuilles
Sagittaire dressée
Scirpe d'Amérique

  • Significative au niveau mondial:
  • Espèce(s) grégaire(s)
  • Concentrations de sauvagine
  • Significative au niveau national:
  • Espèce(s) menacée(s)
  • Espèce(s) grégaire(s)
  • Concentrations de limicoles
  • Marais salés/marais saumâtre
  • Vasière/salines/littoral sableux
  • Agriculture
  • Chasse
  • Loisir et tourisme
  • Agriculture
  • Déversements d'hydrocarbures
  • Pâturage
  • Pollution industrielle
  • Utilisation intensive
  • Habitat faunique – Aire de concentration d'oiseaux aquatiques (Québec)
  • Zone d'intervention prioritaire (Québec)
Oie des neiges
Nombre Année Saison
150 0002021Printemps
100 0002020Printemps
125 000 - 150 0002019Printemps
63 2002013Automne
80 000 - 100 0002002Printemps
100 0002001Printemps
75 0002000Automne
100 0002000Printemps
100 000 - 150 0001999Printemps
100 000 - 250 0001998Automne
5 0001997Printemps
5 000 - 10 0001996Automne
5 000 - 10 0001996Printemps
5 000 - 10 0001995Automne
5 000 - 100 0001995Printemps
40 0001989Automne
10 0001987Printemps
8 000 - 60 0001986Automne
15 0001983Printemps
8 000 - 30 0001982Printemps
15 0001981Automne
Canard noir
Nombre Année Saison
5 000 - 7 5001999Automne
5 000 - 8 0001998Automne
6 5001997Automne
5 000 - 8 0001996Automne
1 0001995Été
1 0001983Automne
Quiscale rouilleux
Nombre Année Saison
302001Été
401998Printemps

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